S'EN FOUT DE L'UNIVERS CONNU | JOURNAL FRAGMENTAIRE & DÉRISOIRE | #09
- lefeusacreeditions
- 22 oct. 2016
- 3 min de lecture
Fabien Thévenot

MERCREDI 14 SEPTEMBRE | QUATRIÈME DE COUV’
Dieu a inventé les textes de quatrième de couverture pour punir les éditeurs du bonheur carabiné que leur procure leur activité.
MARDI 27 SEPTEMBRE | SCHWARZY
Un des grands mérites du livre que Jérôme Momcilovic a consacré à Schwarzy n'est pas son intelligence mais sa capacité à l'être sans jamais se faire valoir. Contrairement à son sujet d'étude, Momcilovic ne prends jamais la pose. Sa gymnastique de l'esprit lui sert à s'entretenir, jamais à parader. A aucun moment ‘Prodiges d'Arnold Schwarzenegger’ ne trouble l'eau pour se donner de la profondeur. Et de me rendre compte en le dévorant en trois jours que j'apprécie de plus en plus cette manière très 'ligne claire’ de penser et démontrer.
SAMEDI 15 OCTOBRE 2015 | PETIT RAPPEL
Nobel 2016 | Nous ne sommes qu'une forme de vie parmi tant d'autres apparue de manière totalement arbitraire sur un caillou quelconque formé à la périphérie de l'Univers Connu. Bob Dylan n'est que l'une d'entre elles. Un petit homme dont l'oeuvre est plus grande que lui. Un vecteur. Une antenne. Son messager. Son ouvrage aide d'autres petits hommes à ne pas perdre espoir dans ce havre de guerre. Que ce soit ou pas de la littérature n'a aucune espèce d'importance — c'est de la littérature ou de la poésie si l'oeuvre te rappelle que la beauté et l'amour existent et t'aide à tenir un jour de plus. Nous sommes seuls, livrés à nous-mêmes. Et il n'y a pas plus de dieu qu'il n'y a de nobels ou d'autorité pour les désigner. Il n'y a que la solitude et l'art pour nous aider à la supporter. Tout le reste n'est qu'orgueil et sitcoms écrits par des gens qui ont quelque chose à vous vendre.
MARDI 18 OCTOBRE 2015 | COMMENT NE PAS DEVENIR FOU
Il faut lire et faire lire ‘Dans la disruption’ de Bernard Stiegler, c’est un livre absolument central et prodigieusement éclairant pour comprendre les problèmes causés par l’irruption de la société numérique (que Stiegler considère comme l’aboutissement de ce qu’Adorno et Horkheimer nommaient dans les années 40 l’industrie des biens culturels) — la confusion qu’elle sème dans les esprits et la violence qu’elle produit chez les plus vulnérables. Il y opère un examen de notre psyché individuelle et collective confrontée à ce qu’il appelle la destruction de notre narcissisme primordial : le déferlement du marketing, du big data, du divertissement de masse, des réseaux sociaux, et tente de saisir comment la pensée libertarienne de la Silicon Valley [qui, en quelques années, a non seulement imposé sa technologie mais surtout sa manière d'en disposer] court-circuite nos désirs pour les remplacer par des habitus et nous imposer leurs réflexes, nous déstructure, nous dé-culture et nous éloigne les uns des autres autant que de nous-mêmes. Bref, fait de l’esprit humain un nouvel enjeu économique, un territoire qu’il s’agit de coloniser et d’occuper [la version aux ‘temps numériques’ du temps de cerveau disponible]. On navigue entre pure philosophie, phénoménologie, études de cas, psychanalyse, autobiographie et littérature. C’est une lecture parfois difficile [quelques concepts à déverrouiller dans les premières pages pour aborder sereinement le reste du livre], parfois extrêmement fluide mais surtout prodigieusement stimulante. Un véritable page turner de sciences humaines.
C’est aussi un livre clé dans la biblio de Stiegler qui condense pas mal de ses recherches précédentes et lance de nouvelles pistes dans son travail.
Mais surtout, c’est un livre plein d’espoir et de propositions, qu’on quitte armé de certitudes nouvelles et tellement moins désespéré dans l’avenir.
J’y reviendrais.
Assurément.








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