ON NE PROGRAMME PAS L’OBSOLESCENCE D’UN LIVRE PAPIER | JOUR DE COLÈRE #02
- lefeusacreeditions
- 19 oct. 2016
- 2 min de lecture
Fabien Thévenot
Liseuse de merde,
ma petite Kobo © de chiotte,
si j’ai consenti à te récupérer un beau jour de juillet 2015 dans les caniveaux des nouveaux gadgets numériques, c’était uniquement pour m’offrir la possibilité de lire au format PDF les manuscrits que me font parvenir les auteurs en recherche de publication.
Liseuse de merde,
ma petite Kobo © de chiotte,
une fois entre mes mains, tu ne t’es pas faite prier pour tomber en panne. Au bout de quelques semaines d’utilisation, tu étais déjà en train de cracher tes poumons. J’ai eu du mal à croire qu'une machine aussi récente puisse avoir une santé aussi mauvaise.
Pourtant, Dieu sait que j’ai pris soin de toi dès le départ.
Je t’ai toujours protégé des coups, te gardais consciencieusement à la maison à l’abri du froid, du chaud, de l’humidité, ne te trimbalais jamais dans le métro, dans la rue ou en voyage.
A mes yeux, tu étais un outil de travail. Et à ce titre, je souhaitais te faire durer. En premier lieu parce que tu étais un cadeau de ma compagne — vois-tu, j’aime bien honorer les cadeaux que me fait ma compagne. Surtout quand ils coûtent un bras.
Ensuite, parce qu'il était hors de question que je rachète la petite sœur avant au moins cinq ou six ans.
Heureusement, tu étais encore sous garantie.
Je t’ai pardonné.
J’ai eu tort.
Je regrette.
Liseuse de merde,
ma petite Kobo © de chiotte,
le bilan est amer. Douze mois plus tard, après t’avoir seulement allumé une petite vingtaine de fois, voilà qu’une grande barre blanche me barre l’accès à la lecture. Du jour au lendemain. Comme ça. Sans prévenir. Sans qu’il y ait eu le moindre choc.
Curieuse expérience. D’un instant à l’autre, tu es juste devenu un petit tas de merde électronique malingre et onéreux. Un outil stupide et inutile qui n’a jamais montré aucun signe de bonne volonté.
Qui n’a tenu aucune de ses promesses.
Liseuse de merde,
ma petite Kobo © de chiotte,
tu imagines peut-être que je vais te refaire visiter le service après-vente de la FNAC maintenant que tu n’es plus sous garantie ?
Dans tes rêves.
Ce que tu vas connaître c’est un
gros
coup
de
marteau
concret
sur
ta
sale
gueule
tactile.
En guise d’Adieu.








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