BOOKHOUSEGIRL #35 / Ben Merlin, auteur
- lefeusacreeditions
- 24 oct. 2014
- 4 min de lecture

Y'a des jours où j'en ai vraiment plein le cul de Lyon. De respirer sa pollution, de me coltiner sa vieille mentalité bourgeoise, d'observer de semaines en semaines mon arrondissement devenir un quartier d'affaire, de traîner dans ce centre commercial à ciel ouvert qu'est tristement devenu la presqu'île.
Et puis de temps en temps, on fait une chouette rencontre qui affecte vos certitudes du moment, vous déplace sur l'échiquier du ras-le-bol et vous stimule. On se dit que finalement la ville a encore quelques ressources et que votre découragement n'est peut-être qu'une question de regard et de focale. Ben Merlin fait partie de ces rencontres. Poète et artiste contemporaine (au sens d’’artiste bien dans son époque’, et non pas de ’machine à faire caca du discours institutionnel’), Ben est le moteur de tout un tas de projets épatants et singuliers qui ont tous à voir avec la musique et/ou l'écriture : la revue Guru Guru, le Cinéma Préhistorique, et d'autres choses en cours.
Depuis, nous avons collaborés à deux reprises avec Ben Merlin, une fois pour le projet ’Reset : une contre-histoire de Lyon’, et une seconde fois pour le ’Cinéma Préhistorique’ (lecture publique mise en musique et en images par le collectif Fabrik) qui sera consacré jeudi prochain au texte d'Aurélien Lemant ’Traum : Philip K. Dick, le martyr onirique’ (Le Feu Sacré éditions). Le moment idéal pour soumettre la soumettre au questionnaire des Bookhouse Boys(&Girls) !
| On trouve quoi comme nouvelles acquisitions dans ta bibliothèque ?
De la poésie avec ‘La Libellule’ Amelia Rosselli (Ypsilon éditeur) écrit en 1958, panégyrique de la liberté, dont la métrique et le flux de pensée me semble étonnamment d'actualité, et ‘Extraction de la pierre de folie’ d'Alejandra Pizarnik (également chez Ypsilon editeur) je découvre ces poèmes encore dans la sensation je ne saurais quoi en dire je préfère la citer : « je parle du lieu où se font les corps poétiques".
Un roman : ‘Tram83’ de Fiston Mwanza Mujila (Métailié) écrivain congolais vivant en Autriche. Une écriture énergique, un peu répétitive mais qui décrit un monde absurde et vivant.
Et ‘Dada & les dadaïsmes ’de Marc Dachy (folio essais) pour me replonger dans la subversion poétique et nourrir ma Révolution…
| Quel livre marquant as-tu découvert à l'adolescence et que tu possèdes toujours ?
‘Last exit to brooklyn’ d'Hubert Selby Jr. Le rythme, l'écriture majuscule, la désespérance tout m'a emballée et m’ a amenée tout droit à William S. Burroughs.
| Sans égard pour sa qualité, lequel de tes livres possède la plus grande valeur sentimentale, et pourquoi ?
‘La Rose’ de Charles L. Harness. Une nouvelle de science-fiction qui questionne l'art, la science, la fusion complète et définitive. J'ai trouvé ce livre dans la rue sans couverture, plus tard je l'ai fait relier, je n'ai jamais su jusqu'à aujourd'hui par qui il avait été écrit, je le relis régulièrement sans me demander pourquoi, juste pour la sensation qu'il me procure.
| Tu prêterais lequel de tes livres à quelqu'un que tu voudrais séduire ?
J'hésiterais entre le ‘Château de Cène’ de Bernard Noël et le ‘Quantique des quantiques’.
| Que trouve t-on comme livres “honteux” dans tes rayonnages ?
‘Poto Poto’ d'Erich von Stroheim, pas vraiment honteux mais sans grand intérêt si ce n'est la beauté de sa couverture et son titre Charlie Shlinguesque.
| Quels livres as-tu hérité de tes proches ?
‘Dagon’ de H. P. Lovecraft. Livre de mon père que j'ai adoré et qui m'a ouvert tout un univers. Des grands anciens à l’innommable en passant par le frisson de l'échine de Robert E.Howard.
| Le livre que tu as le plus lu et relu ?
‘Le Festin nu’ de William S. Burroughs. Je ne sais pas, peut être une histoire de résonance entre son écriture, mon rêve et mon travail.
| Le livre qui suscite en toi des envies d'autodafé ?
Il y en a surement beaucoup, je n'ai jamais vraiment pensé à ça, mais comme ça du tac au tac je dirais le genre Amélie Nothomb, Hygiène de l'assassin, Métaphysique des tubes, etc.
| On te propose de vivre éternellement dans un roman de ton choix, tu optes pour lequel ?
‘L’Automne à Pékin’ de Boris Vian, je me vois assez bien chercher une ligne de foi dans le désert. ‘L'ivrogne dans la brousse’ d'Amos Tutuola, pour rester dans le rêve et me frotter au monde des morts.‘Le Nom de la rose’ d’ Umberto Eco, pour avoir toujours un livre sous la main.
| Quel est l’incunable que tu rêves de posséder, ton Saint Graal bibliophilique ?
Je ne suis pas collectionneuse juste un peu fétichiste donc dans l'ordre et le désordre : La totalité des parutions du collège de Pataphysique, les manuscrits de la mer morte et le ‘Necronomicon’.
| Au bout d'une vie de lecture, et s'il n'en restait qu'un ?
J'oserais être un tantinet mystique je citerais Florentinus de Valentia auteur du 17ème : « Le livre qui contient tous les autres est en toi et dans tous les hommes. »








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