BOOKHOUSEBOY #25 / Tristan Perreton, auteur

Photo | Octokunst

Tristan Perreton aime les pseudos, autant par goût pour les doubles identités, les masques, la scène, que par modestie et timidité. Ainsi, il a longtemps pratiqué l'écriture sous un nom d'emprunt. Depuis la publication des “Aventures Épouvantables de l'Ombre”, son roman-feuilleton abondamment illustré et publié aux éditions A Mort, il s'est réconcilié avec son nom de famille, mais pratique toujours l'illustration sous le nom de Der Kommissar, et la musique électronique sous le masque de Commando Koko. Bref, un match de catch à lui tout seul !

Tristan est l'auteur de “Table rase”, la nouvelle du mois de mars de notre projet Reset : Une contre-histoire de Lyon, et c'est la raison pour laquelle il est le Bookhouse Boy de la semaine.

| On trouve quoi comme nouvelles acquisitions dans ta bibliothèque ?

Tout d'abord je tiens à préciser que je ne suis pas un gros lecteur de romans. Disons que je lis par phases et qu'environ les trois quarts des livres que je consomme sont plutôt des ouvrages de référence ou de documentation pour mes projets littéraires ou graphiques.

Par exemple, le dernier livre que j'ai lu intégralement (et plusieurs fois !) est un manuel de synthétiseur FM des années 80 quasiment incompréhensible, avec des tableaux en hexadécimal que j'arrive pas à décrypter, bref un truc pas du tout sexy…

 Autrement, je lis plus des livres d'histoire ou d'auteurs antiques, ça me permet d'une certaine manière de voyager dans le temps ou de me plonger à la source de la littérature. Les derniers livres dont j'ai ressenti le besoin de posséder sont la Théogonie d'Hésiode, les Fragments d'Héraclite ou Histoires vraies de Lucien de Samosate (parce qu'il est considéré comme le premier livre de science-fiction). J'ai aussi voulu lire un space-opéra contemporain, et je me suis procuré L'usage des armes de Iain M. Banks, mais au final je voyage plus en parcourant un livre d'astronomie. D'ailleurs prochaine acquisition en vue : A Little Book of Coincidence in the Solar System de John Martineau, un livre sur la géométrie sacrée dans la galaxie avec des planches incroyables.

| Quel livre marquant as-tu découvert à adolescence et que tu possèdes toujours ?

Héliogabale, l'anarchiste couronné d'Antonin Artaud.

| Sans égard pour sa qualité, lequel de tes livres possède la plus grande valeur sentimentale, et pourquoi ?

Je dirais un ouvrage sur des vieilles affiches de magie. J'en possédais un qui appartenait à mes parents et que j'ai perdu un jour en déménageant. C'était ma source d'inspiration numéro une. Quand Taschen a publié un énorme livre sur ce thème, je n'ai pas hésité une seule seconde à me le procurer sachant qu'il me suivrait toute ma vie.

| Tu prêterais lequel de tes livres à quelqu'un que tu voudrais séduire ?

Un roman sans texte, le Soleil de Frans Masereel.

| Que trouve t-on comme livres “honteux” dans tes rayonnages ?

Tout ceux qui croupissent au fond de mes cartons et que je n'ai jamais déballé à cause de mes trop nombreux déménagements de ces dernières années. Ils sont loin d'être honteux mais j'ai honte de m'être autant attaché à du papier. Maintenant je regrette presque de m'être constitué une bibliothèque puisque je n'ai plus assez de rayonnages pour les exhiber. Aujourd'hui, je suis quand même content de m'être détaché d'un certain fétichisme par rapport aux livres et de ne plus trop éprouver ce besoin de les collectionner, en dehors de ceux dont je sais qu'ils m'accompagneront longtemps.

| Quels livres as-tu hérité de tes proches ?

Hérité très peu, offert, beaucoup et des très beaux. Citons parmi tant d'autres : Mythologie générale de chez Larousse,  Voyage au bout de la nuit de Céline, Histoires grotesques et sérieuses de Poe, quelques Fantomas de Pierre Souvestre et Marcel Allain, des vieux Metal Hurlant, ou encore Watchmen d'Alan Moore et Dave Gibbons. Ma famille et mes amis m'ont toujours incités à lire, à écrire et à dessiner, merci à vous :)

| Le livre que tu as le plus lu et relu ?

Le Littré.

| Le livre qui suscite en toi des envies d'autodafé ?

Ce serait plutôt des magazines ou des journaux. Genre les gratuits qu'ils donnent dans le métro afin que tout le monde ait la même information au même moment. Ou les prescripteurs culturels qui font qu'un auteur ou artiste est génial pendant deux mois et ringard l'année d'après. Alors j'évite le plus possible les ouvrir et je vis en paix.

| On te propose de vivre éternellement dans un roman de ton choix, tu optes pour lequel ?

Alors je t'avoues de suite que je n'aimerais pas du tout vivre éternellement. C'est ça qui fait que ma vie est excitante. Je sais que celle-ci va se terminer. Quand reste la question. Aussi je te répondrais par ironie le Désert des Tartares de Dino Buzzati.

| Quel est l’incunable que tu rêves de posséder, ton Saint Graal bibliophilique ?

Je crois que je préfère là aussi te répondre à l'envers. N'ayant hélas qu'une piètre mémoire orale, je rêverais de faire comme les conteurs de ces temps où l'écriture n'existait pas, et de pouvoir transmettre intégralement des épopées rien qu'à travers la parole, sans nulle trace écrite.

| Au bout d'une vie de lecture, et s'il n'en restait qu'un ?

Un Atlas géographique ou astronomique.

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