BOOKHOUSE GIRL #59 / Balval Ekel, écrivaine
- lefeusacreeditions
- 8 mai 2020
- 3 min de lecture

Lorsque nous avons reçu par courriel le manuscrit de Balval Ekel, nous n’étions pas particulièrement en recherche d’auteurs. Nous envisagions notre collection, les Feux Follets, avec une poignée convaincante de signatures déjà en tête, associant des titres d’œuvres de la littérature mondiale à des projets d’essais, eux-mêmes liés à des noms d’écrivains auxquels nous tenions. Mais ce livre est arrivé, dans la forme simple et nue qui est la sienne : cette candidature spontanée deviendra le premier ouvrage à être publié hors commande du Feu Sacré, sur un coup de cœur pour une auteure qui nous était alors inconnue. Mais Balval, c’est aussi l’histoire d’une rencontre intellectuelle et sensible avec un puits de générosité, d’érudition et de volonté. Première femme signée au Feu Sacré, Balval Ekel joue la Bookhouse Girl à la veille du déconfinement sanitaire, alors que COMME UN TROU LUMINEUX DANS LE TROTTOIR, son livre sur Simenon, trépigne dans les librairies tout au bord d’ouvrir.
| Que trouve-t-on comme nouvelles acquisitions dans ta bibliothèque ?
Histoire populaire de la France de Noiriel, Fast-food de Damon, Nager vers la Norvège de Leroy, Les Sociétés matriarcales de Goettner-Abendroth.
| Quels livres marquants as-tu découverts à l'adolescence et que tu possèdes toujours ?
Martin Eden de Jack London, les livres de Stevenson et Melville, L’île de Robert Merle, mais si je devais conseiller une lecture à un adolescent ce serait celle du roman de Tim Winton, Respire.
| Sans égard pour sa qualité, lequel de tes livres possède la plus grande valeur sentimentale, et pourquoi ?
Pour sa valeur sentimentale et sa qualité, Copies de Thierry Radière.
| Lequel de tes livres prêterais-tu à quelqu'un qui te plaît ?
Propos sur la racine des légumes de Hong, ou Il neige dans la nuit de Nazim Hikmet, ou Ordinaires de Sophie G. Lucas ; un recueil de poèmes de Pentti Holappa ou un Brautigan (La Vengeance de la pelouse ?).
| Que trouve-t-on comme livres honteux dans tes rayonnages ?
J’ai approché des mondes aux valeurs très diverses, voire opposées, aussi je ne suis pas sensible aux jugements moraux.
En cherchant bien, un livre écrit par un inspecteur de l’éducation nationale à destination des professeurs de lettres et regrettant la disparition de la poésie française à partir de 1950.
| Quels livres as-tu hérité de tes proches ?
Je n’ai pas d’héritage de ce type mais, d’une certaine manière, je m’en suis créé grâce au premier livre que j’ai écrit. Il m’a permis de faire la connaissance de mon père, le musicien Elek Bacsik.
| Le livre que tu as le plus lu et relu ?
Un manuel de vie, Walden ou le journal de Thoreau, un guide de survie, Toute une vie de Zabrana. D’une manière générale, tous les livres de la regrettée maison d’édition de poésie La Différence et tous ceux édités chez Allia.
| Le livre qui suscite en toi des envies symboliques d'autodafé ?
Aucun. Je préfère répondre à la question des livres qui m’ont donné envie d’écrire : Une prière américaine ou Seigneur et nouvelles créatures de Jim Morrison ou La Nuit juste avant les forêts de Koltès.
| On te propose de vivre éternellement dans un roman de ton choix, oui, mais lequel ?
Je n’aimerais pas qu’on raconte mon histoire à ma place. Je ne comprends pas non plus pourquoi à l’école on tenait autant à ce que l’on s’identifie à un personnage. Quand je lis, je me sens plutôt exister dans la « musique » de l’auteur. Par exemple dans l’attente des marins de retour vers la Tamise et la « civilisation », dans la préservation des paroles rares et encore bercées par le clapot de la mer à la fin du roman de Conrad, Au cœur des ténèbres.
| Quel est l'incunable que tu rêves de posséder, ton Saint Graal bibliophilique ?
L’œuvre intégrale du poète roumain Ilarie Voronca que je pourrais enfin lire dans le texte.
| Au bout d'une vie de lecture, et s'il n'en restait qu'un ?
L’Usage du monde de Bouvier.








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