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BOOKHOUSE GIRL #50 / Marianne Costa, écrivain & artiste

(photo : Mona Boitière)
(photo : Mona Boitière)

Comédienne, poétesse (Pin-Up Chrysalide - apologie du silence, Mort et vie), romancière (No Woman’s Land), traductrice émérite, Marianne Costa est surtout connue pour son travail de tarologue, qui la voit voyager autour du globe pour parler des cartes dans plusieurs langues avec cœur et méthode, sourire au bec. On se souvient de son importante contribution à La Voie du Tarot, co-signé avec Jodorowsky, en compagnie duquel elle écrit Métagénéalogie, une approche de l’individu par les racines et au-delà, où le Tarot de Marseille (ou “Tarot français”, comme elle l’appelle) n’est jamais bien loin. Justement : Marianne publie chez Dervy LE TAROT PAS à PAS, un nouvel opus imposant, débordant d’énergie et d’analogies poétiques, d’Histoire et de lettres, consacré à la lecture de ce jeu immémoriel, livre métamorphe, bibliothèque portative. L’occasion ou jamais d’interroger Marianne Costa sur sa propre bibliothéconomie.

 

| Que trouve-t-on comme nouvelles acquisitions dans ​ta bibliothèque ?

Les Yoga sūtra de Patanjali et les Quatre conférences sur le tango de Borges.

 

| Quels livres marquants a​s-tu ​ découver​​t​s ​ à l'adolescence et que ​tu possèdes toujours ? 

Les premiers textes de Le Clézio, ceux qui étaient bizarres, comme Le Procès-Verbal et Terra amata. Les Étonnements de Guillaume Francoeur d’André Fraigneau, et dans la même lignée Stendhal et Giono : Le Rouge et le Noir, Le Hussard sur le toit. Pour la poésie, Délie de Maurice Scève, les Fleurs du Mal de Baudelaire, la Jeune Parque de Valéry.

 

| Sans égard pour sa qualité, lequel de tes livres possède la plus grande valeur sentimentale, et pourquoi ?

Un roman intitulé La Fête Foraine, écrit par mon grand-père André Costa, dont je suis l’héroïne. Il a été publié chez France Empire en 1975 puis repris en Poche Jeunesse en 1996. C’est un livre dans la veine de Lewis Caroll, en plus absurde, que j’avais “ordonné” à mon grand-père d’écrire lorsque j’avais sept ans. J’aime beaucoup ce texte, il a une originalité et une énergie qui ne le limitent pas au roman jeunesse.

 

| Lequel de​ te​s livres prêter​ais​-​tu à quelqu'un qui te plaît ?

Je ne prête pas mes livres, en général je les donne, c’est plus sûr.  Mais j’ai fait une exception pour mon amoureux, je lui ai prêté les poèmes de Ryokan, ce moine Zen “idiot” qui a vécu et qui est mort dans un état d’émerveillement et de grâce tangible, que ses poèmes déclinent à travers tous les climats, et jusqu’à son agonie. Je prête parfois aussi, (et j'offre souvent), La Bible du boudoir de Betony Vernon, le meilleur ouvrage de sexologie existant, selon moi, que j’ai eu le privilège de traduire de l’anglais.

 

| Que trouve-t-on comme livres honteux dans ​te​s rayonnages ?

Les Harlequin que j’ai traduits dans les années 80. Ils sont planqués en Corse chez mon père, ça compte ? Sinon je dirais l'« egothèque » où figurent mes livres en français et en traductions étrangères ainsi que les revues auxquelles j’ai participé. J’en ai fait un rayon à l’entrée de mon appartement. C’est vraiment honteux.

 

| Quels livres a​s​ -​t​u hérité de ​te​s proches ? 

Les œuvres complètes de Georges Bataille qui était un ami de mon grand-père (voir plus haut). Et tout un tas de romans, essais ou poèmes écrits et publiés par des amis. J’ai un copieux rayon « copinothèque » qui jouxte ma propre « egothèque  ».

 

| Le livre que ​tu as le plus lu et relu ? 

Le Vedanta et l’inconscient d’Arnaud Desjardins.

 

| Le livre qui suscite en ​toi des envies symboliques d'autodafé ? 

Je suis plutôt pour le recyclage du papier que pour l’autodafé. S’il faut absolument se prononcer sur ce point, disons : tous les livres dont le fond peut être résumé à trois phrases, qu’il s’agisse de best-sellers de fiction ou de “confessions” de personnalités diverses. Ils pourraient, en ce qui me concerne, être directement transformés en papier toilette écoresponsable, sans encombrer les tables des libraires sous prétexte qu’ils “amènent les gens à la lecture” (argument spécieux : faut-il absolument que “les gens” lisent?). Je pourrais alors, selon la formule de Henri Jeanson, “les parcourir d’un derrière distrait”.

 

| On ​te propose de vivre éternellement dans un roman de ton choix, oui, mais lequel ? 

Peut être dans le fameux incipit des Vacances de la comtesse de Ségur. “Tout était en l’air au château de Fleurville”, voilà une proposition où on pourrait séjourner longtemps. Cela dit, on ne vit pas éternellement dans un roman puisque par définition, il a un début et une fin. L’éternité ce serait plutôt de vivre dans la Chāndogya Upaniṣad  : “et toi aussi, mon fils, tu es Cela”…

 

| Quel est l'incunable que ​tu rêves de posséder, ton Saint Graal bibliophilique ? 

Le Codex Borbonicus, un manuscrit rituel aztèque que j’ai vu une fois exposé à la bibliothèque de l’Assemblée Nationale. Ou encore un original des Emblèmes d’Alciat ou du Songe de Poliphile. Le point commun des trois étant de dater de la fin du XVe - début du XVIe siècle et de contenir une iconographie riche.

 

| Au bout d'une vie de lecture, et s'il n'en restait qu'un ?

Le Magnificat de la Vierge Marie traduit en cent cinquante langues, hiéroglyphes compris, doré sur tranche, orné de gravures et d’enluminures, publié en 1886, offert en 1901 par l’Abbé de Lérins à mon arrière-grand-père, et dont j’ai hérité. Le bonheur de naviguer parmi les langues du monde entier et ce poème dont il est impossible de se lasser : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole ».

 

Émission radiophonique à écouter sur “Le Tarot pas à pas”.

 

Le site de Marianne Costa : http://mariannecosta.com/

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