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BOOKHOUSE BOYS #06 / Aurélien Lemant & Mathieu Bollon

Aurélien Lemant © David Fischer, septembre 2012
Aurélien Lemant © David Fischer, septembre 2012
Mathieu Bollon, octobre 2009
Mathieu Bollon, octobre 2009

En tant que grand fan du Blue Öyster Cult et éditeur du premier livre d'Aurélien Lemant, il était logique que je compte les jours avant la sortie du livre que lui et son complice Mathieu Bollon (seconde photo) viennent de publier sur le groupe pour le compte des éditions Camion Blanc. Monographie du groupe, mais pas que, “La Carrière du Mal” est tout autant un pavé (722 pages !) réflexif renvoyant constamment le lecteur à l'histoire du XXe siècle et à ses déjections pop-culturelles (rock'n'roll, magie, conspirations, nazisme, fétichisme, etc.). Bref, le genre de livre qu'on ouvre pour connaitre moult anecdotes sur le Culte de l'Huitre Bleue et qu'on referme, euphorique, la tête pleine de propositions fulgurantes et de théories insensées. Amis du Heavy et du malaxage de cerveau, voici nos deux BookHouseBoys de la semaine !

 

| On trouve quoi comme nouvelle acquisition dans votre bibliothèque ?


Aurélien Lemant : C'est drôle de parler d'acquisition. Les bouquins dans lesquels je suis plongé actuellement ne m'appartiennent pas, ce sont des prêts de parents ou d'amis, L'Energie qui danse : dictionnaire d'anthropologie théâtrale, d'Eugenio Barba, ou des livres sur la peinture, notamment américaine. J'ai lu récemment des ouvrages que j'avais achetés en 2002, et que j'avais à peine entr'ouverts à l'époque. Je fais souvent ça. Vie de Polichinelle et ses nombreuses aventures, aussi, d'Octave Feuillet, que je dois avoir depuis six ou sept ans, lu en début de semaine. Aujourd'hui, je viens de recevoir par la poste Éloge de la faiblesse d'Alexandre Jollien, juste après un album de Captain America et un autre de Superman ; ces trois derniers vont diversement me servir dans le cadre de la rédaction d'un essai consacré aux super-héros.

 

Mathieu Bollon : « Arab Jazz » de Karim Miské, un polar qui se passe dans le 19ème arrondissement de Paris et dont l'intrigue mêle des salafistes, des juifs intégristes, des témoins de Jéhovah et des flics véreux et « Les reliques sacrées d’Hitler » de Sidney Kirkpatrick qui narre l'histoire de Walter Horn, un professeur d'art, qui est chargé par Eisenhower en 1945 de retrouver des reliques détenues par les nazis, dont la Saint Lance (ou Lance de Longinus), celle qui transperça le flanc du Christ.

 

| Quel livre marquant avez-vous découverts à l’adolescence et que vous possédez toujours ?


Aurélien Lemant : Ma maison a brûlé de fond en combles quand j'avais quinze ans. Je n'ai plus rien. De mémoire, j'ai racheté Le Procès de Kafka et 1984 d'Orwell, et l'intégrale de Sherlock Holmes.

 

Mathieu Bollon : « 1984 », de George Orwell

 

| Sans égard pour sa qualité, lequel de vos livres possède la plus grande valeur sentimentale, et pourquoi ?


Aurélien Lemant : Celui que j'écris en ce moment. Mais il sera vite remplacé par le prochain.

 

Mathieu Bollon : « La nuit de Saint Germain des prés » de Léo Malet car dédicacé par (feu) son auteur dans les années 90, alors que j'étais encore lycéen…

 

| Vous prêteriez lequel de vos livres à quelqu'un que vous voudriez séduire ?


Aurélien Lemant : Pour m'accorder spirituellement avec certaines personnes, hommes ou femmes, famille ou relations, j'ai régulièrement offert Saint Quelqu'un de Pauwels, qui m'a bouleversé, ou Villa Vortex de Dantec. Aux comédiennes que j'ai aimées, puis à ma femme, j'ai fait lire Caligula de Camus, qui demeure sans doute ma pièce de théâtre préférée.

 

Mathieu Bollon : « L’attrape cœurs » de J.D Salinger en raison de son caractère très émouvant, ou bien l'un des romans de Jean-Louis Costes (non, je rigole…)

 

| Que trouve t-on comme livres “honteux” dans vos rayonnages ?


Aurélien Lemant : Rien. Qui doit avoir honte ? L'auteur, l'éditeur, ou le lecteur ? Personne.

 

Mathieu Bollon : « Hygiène de l’assassin » d’Amélie Nothomb

 

| Quels livres avez-vous hérités de vos proches ?


Aurélien Lemant : Presque tout Dick et Van Vogt par mon père, Lovecraft, mais aussi Reiser et Wolinski. Ma mère, Molière, Cocteau, Rimbaud, j'en passe, j'en oublie. Au sens matérialiste du mot, j'ai “hérité” en 2006 d'une abondante collection de comic books, essentiellement MARVEL, de mon ami David Fischer, et du Septentrion de Calaferte, par mon amie Helène Durut.

 

Mathieu Bollon : « Orange mécanique » d’Anthony Burgess, « La fin d’un primitif » de Chester Himes et ceux écrits par mon père, parmi lesquels une biographie de Cioran et un beau livre sur l’histoire de Pigalle

 

| Le livre que vous avez le plus lu et relu ?


Aurélien Lemant : Forcément, de la poésie, par goût : La Fontaine, Verlaine, Apollinaire, Artaud, Une saison en enfer par-dessus-tout, beaucoup de haïku. Du théâtre, par nécessité : un comédien doit lire et relire son texte pour que son corps le mémorise. Le cerveau n'a plus qu'à improviser. Sinon, d'un point de vue classiquement narratif, ça se joue probablement entre la Bible et Le Petit Prince.

 

Mathieu Bollon : « La mort est mon métier » de Robert Merle (en concurrence avec « Fahrenheit 451 » de Ray Bradbury)

 

| Le livre qui suscite en vous des envies d'autodafé ?


Aurélien Lemant : La France Orange Mécanique de Laurent Obertone, publié par mes ex-collègues de Ring - à la fois à cause du livre, et à cause des ex-collègues en question. Sans doute pressé par sa maison d'édition de hâter le travail et la livraison de son manuscrit, Obertone n'a même pas éprouvé le besoin de systématiquement croiser ses sources journalistiques, certains faits divers sont donc mal relatés, incomplets, erronés. Sa comparaison animalière, assimilant les citoyens sans histoire à des hippopotames, et les criminels à des rhinocéros, témoigne d'une méconnaissance malvenue, voire d'une incompréhension totale, du monde animal, l'hippopotame étant, devant l'éléphant et le fauve, la première cause de mortalité par attaque de bêtes en Afrique. Les représentations qu'Obertone se fait de notre société sont aussi fragiles et personnelles que les clichés qu'il entretient vis-à-vis de l'Afrique noire. Enfin, son ouvrage est plutôt mal écrit. Mais pourquoi le brûler, ou même l'interdire ? Si l'on devait censurer un livre sous le prétexte qu'il est nul et édité par des gens sans scrupule, il n'y aurait plus rien dans les rayons.

 

Mathieu Bollon : « 99 francs » de Frédéric Beigbeder

 

| On vous propose de vivre éternellement dans un roman de votre choix, vous optez pour lequel ?


Aurélien Lemant : D'emblée, j'écarte 1984, Villa Vortex ou La route, qui comptent pourtant parmi mes livres de chevet. Disons Septentrion. Et je pourrais être une vague dans Robinson Crusoë.

 

Mathieu Bollon : « Le seigneur des anneaux » de J.R.R. Tolkien

 

| Quel est l’incunable que vous rêvez de posséder, votre Saint Graal bibliophilique ?


Aurélien Lemant : Je ne suis pas trop collectionneur, et de moins en moins sentimental, un poche a autant de valeur à mes yeux qu'un incunable, pourvu que le texte soit lisible dans les deux. Mais j'avoue que ça fait plus de trois ans que j'ai perdu l'espoir de dégoter Lord Horror (pas le comic, le roman) de David Britton, out of print depuis beau temps : les prix pratiqués sur la toile, en livre sterling, restent décourageants.

 

Mathieu Bollon : L’infâme Necronomicon !

 

| Au bout d'une vie de lecture, et s'il n'en restait qu'un ?


Aurélien Lemant : J'espère ne pas l'avoir encore lu. On en reparlera quand il s'agira de mourir.

 

Mathieu Bollon : « Le moine » de Matthew G. Lewis


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