BOOKHOUSE BOY #43 / Vîrus, rappeur

« Le progrès propose blockhaus et holocaustes low cost / Ils gèrent les stocks pour qu’on ressorte bien plus claustros / Avec de vrais tocs — l’humeur morose / Des portes qui demeurent insensibles aux bouquets d’roses / La boucler n’a pas été notifié dans les clauses / Faut qu’on cause — histoire de scarifier les choses »

Quels livres hantent les funèbres et brillants lyrics existentiels saturés d’humour noir de Vîrus ? Après un excellent album (Le choix dans la date — 2011), deux excellents EP (Faire-Part — 2013 / Huis-Clos — 2015), et un album réalisé avec le groupe Asocial Club (Toute entrée est définitive  —2014), il était grand temps d’inviter l’un des plus discrets et brillants rappeurs français à répondre à notre questionnaire des Bookhouse Boys. Surtout à quelques jours de sa venue à Lyon au Lavoir Public.

| On trouve quoi comme nouvelles acquisitions dans ta bibliothèque ?

« Le Joueur » de Dostoïevski ; trouvé dans la rue, il y a quelques jours.

| Quel livre marquant as-tu découvert à l’adolescence et que tu possèdes toujours ?

Plusieurs volumes de Roger Borniche. Mes rares lectures adolescentes.

| Sans égard pour sa qualité, lequel de tes livres possède la plus grande valeur sentimentale, et pourquoi ?

“La Solitude du coureur de fond” d’Alan Sillitoe. Pour l’identification.

| Tu prêterais lequel de tes livres à quelqu'un que tu voudrais séduire ?

Je prête pas mes livres.

| Que trouve t-on comme livres “honteux” dans tes rayonnages ?

« L’Estime de soi : s’aimer pour mieux vivre avec les autres ».

| Quels livres as-tu hérité de tes proches ?

Aucun, chez nous, ça ne lisait que le Paris Turf et le Paris Normandie.

| Le livre que tu as le plus lu et relu ?

J’ai jamais lu aucun livre 2 fois.

| Le livre qui suscite en toi des envies d'autodafé ?

Tous ceux qui compliquent l’écriture pour exclure. Tous ceux qu’on nous a imposés. Tous ceux qui endorment. Tous ceux qui ne gênent en rien. Tous les romans qui auraient mérité de n’être que des nouvelles. Tous ceux qui créent des débats creux. Tous ceux qui ne poussent à ouvrir ni esprit, ni dictionnaire. Tous ceux qui rendent encore plus bêtes ceux qui pensent devenir intelligents en les lisant. Tous ceux qui créent de nouveaux géo-politologues de comptoir. Tous ceux qui coûtent trop cher…

| On te propose de vivre éternellement dans un roman de ton choix, tu optes pour lequel ?

« La Possibilité d’une île » de Michel Houellebecq. On y est en fait.

| Quel est l’incunable que tu rêves de posséder, ton Saint Graal bibliophilique ?

En ce moment, je cherche le Glossaire des mots et expressions employés par Gaston Couté : Parlers des pays de Beauce, de Sologne ou du Val de Loire orléanais.

| Au bout d'une vie de lecture, et s'il n'en restait qu'un ?

« Les Soliloques du pauvre » de Jehan-Rictus.