BOOKHOUSE BOY #33 / Julien Besse, auteur
- lefeusacreeditions
- 14 juin 2014
- 4 min de lecture

L’histoire de Julien est sensiblement la même que la mienne.
Pour le dire vite, nous sommes tous les deux arrivés à la littérature par la fréquentation de la scène punk / hardcore. Passer progressivement à l’un sans pour autant abandonner l’autre, ça a été notre manière de nous laisser emporter par la seule forme de maturité qui nous semblait acceptable, sans jamais renier les idéaux qui nous ont forgés et qui ont rendu cette expérience première si digne d’intérêt et riche d’enseignements.
N’entendez pas par là que la musique est un péché de jeunesse, non, les événements se sont juste enchaînés dans cet ordre, question de timing et de rencontres, c’est tout. Ce n’est en rien une histoire d’âge de raison, plutôt de recherche toujours recommencée d’intensité.
Julien est ce mois-ci l'auteur d’Une seconde chance, la nouvelle du mois de juin de notre projet Reset : Une contre-histoire de Lyon, prépare une série de nouveaux textes ainsi que le nouveau numéro de la revue Inégale qu'il a créée avec Alexandre Simon.
Julien Besse est le Bookhouse Boy de la semaine.
| On trouve quoi comme nouvelle acquisition dans ta bibliothèque ?
Les Histoires désobligeantes de Léon Bloy, L'Accumulation primitive de la noirceur de Bruce Bégout, Le premier volume des Entretiens de la Paris Review, la biographie de Brian Eno On Some Faraway Beach, l'ouvrage collectif Les Treize Morts d'Albert Ayler, et un fanzine de nouvelles sorti par Russell Walker, un pote anglais.
| Quel livre marquant as-tu découvert à adolescence et que tu possèdes toujours ?
1984 est le premier qui me vient à l'esprit. Adolescent, alors que de premiers éclairs de lucidité te font réaliser que les choses ne sont pas ce qu'elles paraissent, 1984 te montre qu'en fait c'est bien pire ! Ce qui, avec le recul, résume bien le rôle d'une certaine littérature.
| Sans égard pour sa qualité, lequel de tes livres possède la plus grande valeur sentimentale, et pourquoi ?
Peut-être Les Raisins de la colère car cette période de l'histoire américaine m'intéresse beaucoup. Steinbeck a cette capacité d'évoquer ce que l'Amérique a de plus grandiose (l'espace, la multiplicité des possibles) tout en racontant ce qu'elle a de plus impitoyable, c'est-à-dire ses rapports humains, sa société. Son œuvre résonne aussi avec celle de musiciens comme Woody Guthrie et une tradition folk que j'apprécie.
| Tu prêterais lequel de tes livres à quelqu'un que tu voudrais séduire ?
Tout dépend de la personne concernée.
| Que trouve ton comme livres “honteux” dans tes rayonnages ?
Rien de « honteux », les livres dans ma bibliothèque y sont tous pour une raison. Ce qui ne veut pas dire que certains ne prennent pas la poussière.
| Quels livres as-tu hérité de tes proches ?
J'ai hérité du goût insatiable pour la lecture de ma mère, on ne peut rêver mieux.
| Le livre que tu as le plus lu et relu ?
Peut-être The Passion de Jeanette Winterson. J'ai aussi lu plusieurs fois certaines nouvelles de Raymond Carver.
| Le livre qui suscite en toi des envies d'autodafé ?
Qui a le temps de lire de mauvais livres ? Avec l'offre culturelle fragmentée de notre époque, je suis rarement confronté à des choses qui éveillent en moi des envies pyromanes.
| On te propose de vivre éternellement dans un roman de ton choix, tu optes pour lequel ?
Est-ce que vivre à l'intérieur signifie incarner un personnage déjà existant, être une sorte de figurant ou encore quelqu'un destiné à changer le cours de l'histoire ? Il faudrait que ce soit un de ces romans dans lesquels le temps et l'espace se dilatent, qui donnent au lecteur une sensation d'immersion totale. Pour autant, ai-je vraiment envie de vivre dans Voyage au bout de la nuit de Céline, Le Dieu des petits riens d'Arundathi Roy ou 2666 de Roberto Bolaño ? Ce qui est certain, c'est qu'il doit s'y passer suffisamment de choses, y avoir suffisamment d'endroits à explorer et de protagonistes à rencontrer parce que l'éternité, c'est long.
| Quel est l’incunable que tu rêves de posséder, ton Saint Graal bibliophilique ?
Le recueil de poèmes Popgun Sonatas de Lydia Tomkiw, chanteuse du groupe américain des années 80 Algebra Suicide. Ses textes dans Algebra Suicide mêlent avec beaucoup de finesse le dandysme désabusé du post-punk anglais et le style plus flamboyant des poètes beat américains.
Ce recueil est introuvable et j'aimerais beaucoup le lire.
| Au bout d'une vie de lecture, et s'il n'en restait qu'un ?
La littérature est pour moi une sorte de parcours initiatique, chaque livre ou auteur en appelant immédiatement un autre. Malgré tout, j'observe assez peu de hasard là-dedans : il est de plus en plus fréquent que le livre que je sois en train de lire s'avère exactement celui qu'il me fallait sur le moment. Ce devrait donc être le dernier lu en date qui resterait.
RESET : UNE CONTRE-HISTOIRE DE LYON | REVUE INÉGALE








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