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BOOKHOUSE BOY #23 / Juan Francisco Ferré, auteur

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Jusque là, les écrivains qui se sont frottés à l'«affaire DSK» se sont tous magistralement vautrés. “L'enculé” de Nabe n'aura embarrassé ses contemporains que le temps d'un pet foireux, et le funeste torche-cul de Marcela Iacub prends depuis bien longtemps la poussière dans les bacs à un euro de chez Emmaüs.

Plutôt que de piétiner comme les autres dans ce que cette affaire a de crapoteux, Juan Francisco Ferré s'est hissé avec “Karnaval” à la hauteur de l’inintelligibilité de l'événement en tissant un récit frénétique, dense, exubérant, érudit, composé d'une multitude de strates, d'interprétations, de digressions et d'influences. Bref, une fantasmagorie qui en dit plus long sur les hommes de pouvoir d'aujourd'hui et l'état du monde contemporain que n'importe quel récit pointilleusement basé sur les faits réels.

Juan Francisco Ferré est un auteur audacieux, généreux et terriblement inspiré. Un vrai putain d'écrivain, en somme. Juan Francisco Ferré est notre Bookhouse Boy de la semaine, et on en est pas peu fiers !

 

| On trouve quoi comme nouvelles acquisitions dans ta bibliothèque ?

Le second volume de The Novel. An Alternative Story (1600-1800), de Steven Moore (pas traduit en français, ndr), l'histoire mondiale du roman la plus ambitieuse et exigeante, depuis son commencement à nos jours. Et le nouveau roman de Thomas Pynchon, Bleeding Edge, avec comme contexte tragique les événements du 11 septembre, le tout dans un style élégant et précis, d'une grande beauté incisive.

 

| Quel livre marquant as-tu découvert à adolescence et que tu possèdes toujours ?

Le Nommé Jeudi : un cauchemar, de Gilbert K. Chesterton.

 

| Sans égard pour sa qualité, lequel de tes livres possède la plus grande valeur sentimentale, et pourquoi ?

Aussi loin que je me souvienne, j'essaie de n'associer aucune valeur sentimentale aux livres. J'aimerais que ma bibliothèque soit un refuge contre les sentiments et les passions de la vie, mais c'est inutile puisque certains livres (La Havane pour un Infante défunt (Guillermo Cabrera Infante, ndr), Larva (Julián Ríos, ndr), Arcadia todas las noches (Guillermo Cabrera Infante, ndr), Marelle, La vuelta al día en ochenta mundos (les deux de Julio Cortázar, ndr), Gatsby le magnifique et quelques autres) me ramènent vite à mes illusions et à mes rêves de jeunesse.

 

| Tu prêterais lequel de tes livres à quelqu'un que tu voudrais séduire ?

Déjà, je n'utiliserais pas les miens car je ne voudrais pas que cette personne tombe amoureuse de quelqu'un que je ne suis pas. Comme Borges, je préfère séduire avec les livres des autres : Lolita, Si par une nuit d'hiver un voyageur, (Italo Calvino, ndr), Gatsby le magnifique…

 

| Que trouve t-on comme livres “honteux” dans tes rayonnages ?

N'importe quel livre que je n'ai pas réussi à lire comme il le méritait.

 

| Quels livres as-tu hérité de tes proches ?

El Quijote, Les milles et une nuits, les Œuvres Complètes de Shakespeare, Lorca y Macha, Le Décaméron de Bocaccio, plusieurs romans de Céline…

 

| Le livre que tu as le plus lu et relu ?

Trois tristes tigres de Guillermo Cabrera Infante. La Longue Vie des Marx de Juan Goytisolo.

 

| Le livre qui suscite en toi des envies d'autodafé ?

Brûler des livres, aussi mauvais soient-ils, c'est pour les nazis et les inquisiteurs. Ne pas lire ces livres est largement suffisant.

 

| On te propose de vivre éternellement dans un roman de ton choix, tu optes pour lequel ?

Trois tristes tigres, sinon, Tristram Shandy

 

| Quel est l’incunable que tu rêves de posséder, ton Saint Graal bibliophilique ?

Je préfère collectionner les livres imaginaires que les fétiches bibliophiliques. La littérature potentielle est de celle des livres impossibles. Pour en citer deux qui me viennent sur le champs, j'aimerais beaucoup lire un roman de science-fiction écrit par Borges plagiant une idée de William Gaddis avec le style de Nietzsche. Et aussi une encyclopédie rigoureuse et exhaustive à propos des mutations des formes de vie durant le 21ème siècle.

 

| Au bout d'une vie de lecture, et s'il n'en restait qu'un ?

Je ne suis pas l'homme d'un seul livre, ainsi je choisirais n'importe lequel qui ait contribué à changer ma manière de voir et de comprendre la réalité : Ulysses, Fictions de Borges, Trois tristes tigres et Tristram Shandy, El Quijote, Lolita, Bouvard et Pécuchet, Le Baphomet, Le courtier en tabac (John Barth, ndr), Alice au pays des merveilles, De l'autre coté du miroir et ce qu'Alice y trouva, Au-dessous du volcan, Gargantua et Pantagruel, Le voyage de Gulliver, Scènes de la vie d'un faune (Arno Schmidt, ndr).

 

Un grand merci à Deyanira, Veronica et Pierre-Olivier Sanchez.

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