BOOKHOUSE BOY #10 / Jérôme Leroy
- lefeusacreeditions
- 9 oct. 2013
- 3 min de lecture

On a pas assez dit et répété que Le Bloc de Jérôme Leroy est un grand roman. Peut-être même ce que la Série Noire a sorti de plus éminent depuis qu'Aurélien Masson dirige la collection. S'il sort en poche aujourd'hui, c'est pour que vous, lecteur distrait, méfiant ou apeuré par le sujet, lui rendiez enfin grâce. Sans aucune complaisance mais avec une troublante empathie, Jérôme Leroy dresse dans ce livre le bilan de trente ans de politique française via le point de vue de deux membres du “Bloc Patriotique”, un cadre et un nervi, amis depuis l'adolescence mais voués à s'anéantir pour des raisons stratégiques au moment d'accéder enfin au pouvoir. Roman anti-fasciste, assurément. Mais sans avoir recours aux habituels procès pour sorcellerie. Pas de morale, pas de fausse pudeur, pas de grille de lecture toute faite, Le Bloc c'est 300 pages les yeux dans les yeux avec la trivialité de l'extrême-droite, entre adultes consentants. C'est l'auteur de ce formidable roman qui réponds aujourd'hui au Questionnaire des Bookhouse Boys.
| On trouve quoi comme nouvelles acquisitions dans votre bibliothèque ?
Trois titres de la Fabrique, Les chasses à l’homme et Théorie du drone, (les deux sont de Grégoire Chamaillou), ainsi que Premières mesures révolutionnaires d’ Eric Hazan et Kamo, un genre de « suite » à L’Insurrection qui vient. La Correspondance entre René Char et Nicolas de Staël. Et les livres envoyés par deux auteurs, copain et copine de la Série Noire : Pur d’Antoine Chainas et Petit éloge des brunes d’Elsa Marpeau.
| Quel livre marquant avez-vous découvert à adolescence et que vous possédez toujours ?
L’espoir de Malraux et 1984 d’Orwell, deux lectures de fin de 3ème. Je les ai toujours dans la même édition folio.
| Sans égard pour sa qualité, lequel de vos livres possède la plus grande valeur sentimentale, et pourquoi ?
La fête de Roger Vailland. Là aussi un folio. Offert par un premier amour. Quelques années après la 3ème, disons…
| Vous prêteriez lequel de vos livres à quelqu'un que vous voudriez séduire ?
Amants, heureux amants de Larbaud, Les Contrerimes de Toulet. La poésie rêveuse du monde d’avant. Je n’ai plus envie de séduire que des gens qui se sentent exilés dans notre présent.
| Que trouve t-on comme livres “honteux” dans vos rayonnages ?
Vous faites bien de mettre les guillemets. Il y a des livres honteux d’un point de vue politique comme les pamphlets de Céline, par exemple et puis des livres honteux parce qu’ils prouveraient un attachement démesuré à l’enfance, comme les Bob Morane ou un goût pour des écrivains bien oubliés aujourd’hui alors qu’ils sont très proches de nous dans le temps comme Jean-Louis Curtis ou Jacques Brenner que je préfère de loin, y compris par leur côté suranné au Nouveau Roman dont ils sont les contemporains.
| Quels livres avez-vous hérité de vos proches ?
Mon grand père, né en 1912 et mort en 1994 était instituteur. Il était abonné à la NRF à partir de 36 et jusqu’à la guerre. J’ai tous les numéros.
| Le livre que vous avez le plus lu et relu ?
Tendres stocks de Morand, Claire de Chardonne, Le voyage de Céline, le Hussard bleu de Nimier, L’humeur vagabonde de Blondin. Que des auteurs de gauche…
| Le livre qui suscite en vous des envies d'autodafé ?
La France Orange Mécanique de Laurent Obertone.
| On vous propose de vivre éternellement dans un roman de votre choix, vous optez pour lequel ?
J’hésite entre La chartreuse de Parme de Stendhal et Le chant du monde de Giono, parce que les deux sont des univers lumineux, joyeux même dans le tragique.
| Quel est l’incunable que vous rêvez de posséder, votre Saint Graal bibliophilique ?
Le manuscrit de Zone d’Apollinaire, peut-être le plus grand poème du vingtième siècle
| Au bout d'une vie de lecture, et s'il n'en restait qu'un ?
Je ne sais vraiment pas. D’ailleurs, je refuse l’idée de ne pas continuer à lire après ma mort.
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